Baroud d’honneur

28-08 at 1:47 (Arabisme, France actuelle, Heurs et malheurs, Islam) (, , , , , , , , , , , , )

On s’apprête à attaquer le régime et le territoire syrien ; et la France devrait suivre le mouvement.

Quant à moi, les mots me manquent.

Une réaction proportionnée, à la mesure de la méchanceté de la décision qui est celle de l’Occident, décidément uni dans le pire, serait toute formée de violence aveugle. Et d’autre part, je ne suis pas sûr qu’il y ait une façon sensée de réagir à l’insensé. On peut toujours essayer.

Précisons alors dès le début qu’il n’y a pas dans cette affaire d’un côté les bons, et de l’autre les méchants, ni du régime de Bachar ni des rebelles ou des occidentaux, leurs camarades. Il n’y a dans cette histoire, que des méchants, et des faibles. Des gens faibles face aux systèmes politico-religieux, médiatiques, militaires, etc. qui les dominent, d’abord. Il y a aussi des faibles d’esprit qui pensent que de bons cœurs pourraient les tirer d’affaire. Cette faiblesse d’esprit fait le jeu des méchants, et des pires d’entre eux : ceux qui parlent le langage de la bonté.

Car la méchanceté de ceux qui prétendent aider le faible, pour mieux servir leurs intérêts égoïstes, ou ceux d’égoïstes autres qu’eux-mêmes en dernière analyse, est la plus forte de toute, qui singe la Justice et même, la Charité pour mieux les fouler au pied toutes deux. On ne le dira jamais assez : tout argumentaire  « humaniste » ou « humanitaire » (« humanisme » pratique), est le masque du calcul le plus sordide, double profanation de la Justice et de la Charité, sans lesquelles il n’y a pas d’ailleurs pas d’humanité digne de ce nom. On a dit que le vice est un hommage rendu à la vertu : la fausse vertu est un hommage rendu au vice. Les régimes politiques, les idéologies politico-religieuses qui méprisent la Justice ne méritent que notre mépris ; lorsqu’ils la singent ils méritent notre haine.

On voudrait en appeler à l’intelligence, mais il y a bien longtemps que la Sagesse a été chassée du monde occidental. (Ceux parmi les sages qui en doutent n’ont qu’à lire ce qui s’y dit en termes de philosophie politique pour en être convaincu). On pourrait rappeler à l’Occident son histoire, l’esprit qui était le sien, son âme ; mais cet être moribond, a décidé résolument il y a de cela déjà plusieurs siècles, de se distinguer par sa capacité de reniement, son infidélité. Il n’est déjà même plus l’ombre de lui-même, depuis qu’il a remplacé l’Amour par le calcul, et qu’il a renoncé à viser le Bien.

La France, dit-on, a vocation à défendre les chrétiens, et cette vocation serait devenue tradition au Moyen Orient. Je n’ai jamais pu y croire, et non pas seulement pour des raisons historiques. C’est qu’on ne peut pas y croire à moins de confondre la France de Saint Louis avec celle des tyrans de 1789 et de leurs héritiers. Il n’y a dans le monde d’aujourd’hui, ni croisade ni chevaliers ; juste des jeux d’intérêts et des mercenaires. Ce triste spectacle ne peut inspirer à l’homme libre que l’espérance de sa disparition prochaine.

Sans paradoxe, on peut en outre s’assurer que le calcul des Occidentaux, leur choix résolu en faveur des islamistes en Tunisie, en Lybie, en Egypte, et en Syrie est mauvais. De même que l’on ne gagne rien à s’associer à un profiteur pour monter une entreprise, ou à un mauvais gestionnaire, ou a fortiori, à quelqu’un qui cumulerait les deux tares, on ne gagne rien à s’allier avec de dangereux incapables, ou des incapables particulièrement dangereux comme le sont les groupes islamistes plus ou moins radicaux qui gangrènent les sociétés Moyen-orientales depuis plusieurs décennies. En outre, les populations ne sont pas favorables à ces groupuscules : à moins de propagande soutenue sur plusieurs dizaines d’années, à moins de mensonges répétés on ne fera pas qu’il advienne le contraire. Enfin si l’alliance de l’islamisme le plus primitif et de l’Occident le plus décadent n’est pas si étonnante que cela, cela n’en fait pas pour autant une alliance que l’on puisse qualifier de naturelle. La moindre occasion la brisera, comme le vent brise tout ce qui est bâti sur le sable.

C’est pourquoi en définitive, il vaudrait mieux ne pas réagir trop violemment. Parce que la vengeance est un plat qui se mange froid, et que l’Occident se charge lui-même de cuisiner.

En attendant, puisque l’excellence humaine peut encore se manifester dans la défense des faibles, dans la recherche de la Justice, et dans le combat militaire, rien n’est perdu, bien au contraire.

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